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ou voir sans être vu.
Dans toutes les civilisations et déjà au Moyen-âge, l’on a voulu surveiller, défendre, protéger son territoire, sa maison, ou son château de toute intrusion extérieure.
Echauguette sur les bâtiments militaires, moucharabieh pour les demeures des pays arabes devenus judas, vitres sans tain ou caméra de surveillance pour toutes les portes d’immeuble ou de maison tant en Orient qu’en Occident.
A des fins militaires ou domestiques, un même désir de voir sans être vu !
A Essaouira nombreuses sont les maisons équipées de judas mais au détour des ruelles, en levant le nez, des petites boites de bois, saillies sur les murs, ou des moucharabiehs attirent le regard.Une tradition qui se perd au fil des destructions, constructions ou rénovations mais la ville en possède encore quelques spécimens.
Echauguettes sur les fortifications à la manière de Vauban sur le port, bel élément architectural en maçonnerie sur les bâtiments du commissariat dans le quartier du méchouar ou petits vestige de ces traditions, sortes de pavillons carrés de bois, dans les venelles de la médina.
L’échauguette désignait, du XIVe au XVIe siècle, la sentinelle. Le terme désigne de nos jours la petite construction destinée à abriter, dans un château fort, le veilleur surveillant le pays sur un large horizon.
Le moucharabieh possède les mêmes fonctions que l’échauguette et presque tous les pays d’Islam en offrent des exemples à usage religieux ou profane.
Dérivé du mot arabe machrabiyyah, le moucharabieh est un treillage d’ébénisterie constitué par un assemblage de balustres, de bobines et de baguettes retenus par des chevilles.
L’arrangement des éléments présente des combinaisons géométriques variées. Dans certaines mosquées funéraires, le moucharabieh se présente sous la forme d’un grillage façonné et sert à isoler le cénotaphe d’un défunt vénéré ; il s’apparente alors à la maksoura qui est une grande cloison de bois ajourée.
Les plus anciens exemples remontent aux cénotaphes ayyoubides du XIIIe siècle. Dans les maisons privées, ce sont des loggias, en surplomb sur la rue, d’où l’on peut voir sans être vu. Le terme désigne aussi les tourettes polygonales saillantes où l’on place les cruches poreuses servant à rafraîchir l’eau par évaporation.
La ville en possède quelques jolis exemples mais probablement certains ont échappé à notre recherche. Une bonne raison de découvrir les rues de la ville en regardant la tête levée vers les terrasses mais en faisant bien attention de voir où l’on pose les pieds.