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L’histoire entre légende et vérité…
Dans toutes les régions du Maroc de nombreux saints habitent et hantent la mémoire collective dont l’origine s’efface du souvenir. Il n’en reste que des suppositions ou des légendes. Essaouira n’échappe pas à la règle.
Sidi Mogdoul, dont l’appellation est d’origine punique ou hébraïque, est, lui aussi, une énigme. Le marabout qui lui est dédié, se situe à la sortie de la ville, bâtiment blanc à l’arrière du phare et jouxtant le camping à la sortie de la ville en direction de Marrakech.
Amogdoul, ancien nom de la ville de Mogador aurait donné le nom du saint patron des pêcheurs, marabout local, descendant d’un des 7 saints Regraga, descendants du Prophète. Une histoire qui circule… certains affirment qu’il s’agirait de la déformation de Mac Donald, médecin écossais échoué sur la plage après le naufrage de son bateau. Il aurait beaucoup aidé la population, qui, à sa mort, pour le remercier de ses bienfaits, en aurait fait un saint. Mais tout cela n’est que supposition.
Souvent, même si la légende est méconnue, on n’en discute pas pour autant la sainteté, parce que c’est l’arrière arrière grand-mère qui l’a dit à l’arrière grand-mère, qui l’a répété à la grand-mère, qui l’a raconté à la mère… La sainteté fait partie d’un mode de pensée, une éducation basée sur des situations rituelles. Tout évènement qui ne peut pas être expliqué rationnellement est automatiquement assimilé à de la sainteté, de la malédiction ou au mauvais œil. A chaque situation correspond une explication. Cela devient un réflexe. La majorité des saints que l’on connaît aujourd’hui proviennent de légendes ou d’événements qui remontent loin dans le passé.
La théorie de la vox populi (voix et volonté populaire) est bien sûr crédible. Fréquemment, celui qui entretient le sanctuaire initie, raconte et perpétue la légende. Lorsque ce personnage clé disparaît, le saint perd de sa notoriété. Son « mausolée » tombe en ruines et peut disparaître. Là encore, les histoires se modifient.
Une légende voit le jour, d’autres ensuite. Les populations ont besoin d’avoir des repères, elle s’approprient une histoire pour expliquer ce qui la dépasse ou encore pour se distinguer des autres, et cela renvoie alors à une autre sphère, encore plus irrationnelle : celles des chorfas, descendants du prophète, dépositaires de la foi divine. Chaque ville ou village possède son ou ses chorfa : Marrakech ses sept saints, Essaouira son Sidi Mogdoul… etc. Il faut chercher l’histoire cachée derrière la légende.