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En décembre 2006 le Guido publiait un article sur l’Arbre remarquable et magique de la ville d’Essaouira afin de le faire découvrir et comprendre d’où il vient. L’article avait également pour but de détromper ses visiteurs induits en erreur par les guides, très fantaisistes qui le donnent comme « Ficus remarquable », « Caoutchouc géant », et ayant plus de 350 ans ! Or, cet arbre, un Phytolacca Dioïca, planté les premières années de la fondation de la ville aurait environ 240 ans.
Enfermé dans une petite cour du centre artisanal de Bab Marrakech, à l’Est de la médina, il survit mais s’altère faute d’entretien. Ses racines sont rongées par le temps mais également par des insectes ou petits animaux, des feuilles et des déchets s’amoncèlent dans la cour, le petit banc pour se laisser aller à rêver a disparu.
Écrits, contes et légendes témoignent des liens profonds qui unissent les hommes aux arbres. Et parmi les arbres, l’Arbre remarquable, est celui qui suscite l’admiration, la vénération, le respect ou la crainte. L’Arbre remarquable se distingue de ses congénères en attirant le regard ou suscitant un sentiment profond d’admiration, d’émotion ou de curiosité.
Il obéit à des critères dendrologiques (dimensions, âge), esthétiques (forme du tronc, des frondaisons, des racines) ou culturels (valeur historique, religieuse, ethnographique). Ce qui confère à l’Arbre remarquable sa valeur patrimoniale est sa rareté.
Il semblerait qu’il n’existe que peu d’exemplaires répertoriés du Phytolacca dioïca au Maroc (à Essaouira, à Tanger dans le parc donnant sur le grand Socco et à Safi).
Originaire d’Amérique latine (Argentine, Brésil), le Phytolacca Dioïca porte, selon les pays, différents noms : Ombu, Belombra, Bella Sombra (en raison de la configuration de son feuillage), ou Elephant tree (racines exubérantes et écorce épaisse : le bois de son pied semble déjà fossile, creusé de rides profondes).
On le dit « arbre », mais, au même titre que le palmier, c’est une « herbe géante », ce qui ne retire rien à sa majesté.
Résistant, il fait face à toutes les intempéries et traverse l’Histoire. Il a besoin de très peu d’eau pour vivre, résiste aux vents de mer et aux grandes sécheresses et est immunisé contre les sauterelles et d’autres types de parasites.
Il possède des troncs multiples et peut atteindre une hauteur et un périmètre de plus de 20 m. D’une grande longévité, sa croissance est rapide : enfermé entre quatre murs, il s’élève plus encore vers la lumière. Son feuillage touffu, s’étale comme un gigantesque parapluie, s’orne de fleurs blanches, en grappes pendantes en mai et juin, ondulant à peine sous les assauts du vent. Ses feuilles, brillantes, vert foncé, chantent, masquant aux regards la multitude d’oiseaux qui viennent s’y abriter. Ses baies toxiques, charnues, jaunâtres puis pourpres, donnent un colorant carmin, peu utilisé.
Cet arbre, repérable de loin, est connu comme « phare » de la pampa. Il fournit également l’ombre sous laquelle s’abritent les « gauchos », cow-boys sud-américains.
Arbre magique ? Arbre maléfique ? Ancêtre protecteur de la ville ? Vigie plus que bicentenaire, sa croissance se fait parallèlement à l’imaginaire des habitants de la cité. On vient le visiter ou lui rendre hommage comme à un aïeul de la famille détenteur de souvenirs historiques et légendaires.
Aujourd’hui, avec ce nouvel article, nous lançons un appel à la municipalité de la ville ainsi qu’à ses habitants pour que vive longtemps encore cet Arbre remarquable, pour que soit remis en état les lieux qui l’abritent, pour qu’il soit protégé et qu’un panneau d’informations le concernant soit installé pour renseigner ses visiteurs. Nous espérons que nos lecteurs seront sensibles à cet appel et que chacun œuvrera pour la sauvegarde de cet Arbre.